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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 14:59

Quitte à passer pour un monomaniaque springsteenien, on pourrait commencer par écrire, volontairement hors-sujet, que quiconque n'a jamais vu sur scène Jacques Higelin ne peut comprendre la ferveur, la fidélité animant son public, et la générosité qu’il prodiguait en retour.

Plus précisément, j’ai pour ma part commencé à écouter ces deux-là, Springsteen et Higelin, à peu près à la même période, mais je n’ai vu le Boss sur scène que quatre ans après mon premier concert du chanteur français.

Ce premier concert, c’était en 1988, à la Grande Halle de la Villette, autour de l’album Tombé du ciel. Ce ne fut pas le meilleur concert, parmi la grosse quinzaine auxquels j’ai assisté, mais c’est sans doute le plus mémorable. Car c’était le premier, après quelques années déjà à fréquenter les chansons d’Higelin. Avant ce concert, donc, il y avait le triple album Higelin à Mogador, dont la copie cassette fut généreusement usée au gré des trajets en voiture, pour des weekends, pour des vacances, sur le walkman à double prise casque de ma grande sœur. Et puis il y avait un morceau mineur, Cult Movie, qui, au milieu des années 80, m’obsédait avec son harmoniciste en transe, son chant hurlé, son rythme trépidant. Et les vinyles de ma sœur, donc. Puis ceux – les mêmes, et d’autres – que j’achèterai par moi-même quelques années plus tard.

Higelin était pour moi comme un compagnon de route, un intime depuis plus de trente ans. C’était le chanteur français implanté dans mon cœur depuis le début de l’adolescence, le plus familier, le plus proche, en somme. Comme Springsteen, donc, dans un autre registre.

J’achetais toujours ses disques, les attendais encore quand, sans maison de disque au milieu des années 90, il tardait à sortir un nouvel album. Depuis Amor Doloroso, en 2006, sa production s’était faite plus régulière (quoique tout aussi inégale qu’avant), il avait trouvé en Rodolphe Burger un compagnon de jeu l’aidant enfin à produire correctement ses disques. Inégaux toujours, donc, mais dignes. On les achetait toujours, sans plus les écouter beaucoup. Mais peu importait. C’était sur scène que ça se passait. Et on s’était fait à l’idée depuis longtemps que ses meilleurs disques resteraient de toute façon ceux des années 70. Mais le tout dernier – où, déjà, il jouait avec l’idée de sa mort – réussit presque à faire vaciller cette certitude. Le chanteur se retournait sur BBH75 – l’un de ses meilleurs disques – en célébrant ses 75 ans. Celui que l’on cantonnait à quelques tubes, celui que l’on qualifiait un peu trop paresseusement à mon goût de « troubadour », de « poète », de « fou chantant », retrouvait l’urgence du rock et une noirceur qui jamais ne l’avait quittée (pochette éloquente, pour le moins). C’était un beau dernier album donc, rehaussant d’un cran l’intérêt pour le bonhomme. En même temps, une très belle biographie à deux voix menée par Valérie Lehoux et un recueil de textes inédits (Flâner entre les intervalles), parutions en forme d’inventaire, semblaient déjà précipiter les choses. C'était il y a deux ans.

Alors, oui, quelques heures après la nouvelle de sa mort (que l'on redoutait voir arriver, on le savait malade...), Jacques Higelin nous laisse orphelin. Mais il nous a tant donné. Et nous, nous l’avons tant aimé.

 

 

Jacques Higelin (6 avril 2018...)
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19 septembre 2017 2 19 /09 /septembre /2017 11:51

Dans les deux derniers épisodes de Twin Peaks : The Return, David Lynch s’est aventuré de nouveau dans la sombre forêt de Fire Walk With Me, offrant un contrechamp et surtout une prolongation inattendue à des scènes tournées il y a vingt-cinq ans (un peu, finalement, on ne l’a pas beaucoup dit, comme Marty McFly se retrouvait témoin de scènes du premier Retour vers le futur dans une suite directe où il finissait, dans un fabuleux jeu de miroirs, par interagir avec celles-ci). On n’a pas encore su décider si l’expérience était réussie chez Lynch, toujours est-il qu’elle résonnait involontairement avec les tentatives plus ou moins probantes de cinéastes revisitant leurs propres films à coups de grands liftings numériques ou à force d’énièmes “director’s cut”.

Mercredi dernier, dans l'après-midi, sans que rien nous y ait préparé, une tentative comparable s’est, pour notre plus grande joie, manifestée sur Internet à travers la publication d’un clip réalisé par John Carpenter. Le réalisateur d’Halloween n’avait pas tourné depuis The Ward (2011), son dernier long métrage si raté qu’il n’avait même pas eu les honneurs d’une sortie en salles en France. C’est dire si recevoir des nouvelles de sa part, derrière la caméra, a pu ravir ses fans. D’autant plus, sans doute, quelques semaines après les disparitions successives de George Romero et de Tobe Hooper, deux autres immenses figures du cinéma fantastique des années 1970-80.

Pourtant, on n’avait pas du tout perdu la trace de John Carpenter, bien au contraire. Celui qui signa les musiques mémorables de la plupart de ses films s’était transformé sur le tard en musicien à part entière, enregistrant ces dernières années deux albums de compositions originales (Lost Themes 1 & 2), s’incrustant sur un récent disque de Jean-Michel Jarre en invité de marque (A Question of Blood sur Electronica 1) et se produisant sur scène avec son groupe pour revisiter ses thèmes les plus fameux et interpréter de nouveaux morceaux (en 2016 par exemple au Grand Rex).

Un cinéaste ne tournant plus et préférant enregistrer sa musique sur des labels indépendants, ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? C’est en effet, avant le retour à Twin Peaks, ce que fit David Lynch, avec deux albums assez fascinants, à mille lieues, pour le coup, des deux disques de “Big John”, sympathiques dans l’esprit, mais finalement assez médiocres avec leurs envolées “heavy metal” en totale contradiction avec le minimalisme synthétique de ses musiques pour Assaut, Fog ou New-York 1997.

C’est dire comme la perspective de ce troisième album à paraître en octobre et voyant le cinéaste revenir aux sources pour revisiter les thèmes musicaux de ses plus grands films nous excitait un peu plus. Il y avait sans doute de quoi puisque résida là peut-être aussi le déclic – ou le prétexte – permettant à Carpenter de retourner derrière une caméra.

Le clip que l’on vient de découvrir revisite donc Christine – pas l’un de ses meilleurs films, d’ailleurs – par l’image et pas seulement, comme on le pensait, par la musique. C’est un euphémisme de dire que l’on retrouve dans ces quatre minutes de cinéma la patte de Carpenter, son sens de l’espace, ses lumières, jusqu’à un caméo le voyant apparaître au volant de la mythique Plymouth en un malicieux sacrilège.

Une semaine avant la sortie très médiatisée de Ça, (adapté, comme Christine, d’un roman de Stephen King), on se doute qu’il y a là autant, sinon plus, de marketing que de désir. Mais on ne serait pas contre une déclinaison visuelle des différents morceaux de John Carpenter's Anthology : Movie Themes 1974-1998 sous la houlette du maître. Une manière, pourquoi pas, même si on n’y croit guère, d’amorcer enfin un vrai retour de cinéaste ?

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19 mai 2017 5 19 /05 /mai /2017 22:18
Souvenirs de Twin Peaks

Année scolaire 1990/91. Elle commence par un film, elle finit par une série.

 

Je suis au lycée, en première. Cette année scolaire-là, ça ne trompe pas, je rencontre deux amis qui comptent encore aujourd'hui parmi mes plus chers. Et par ricochet deux autres, qui font, 26 ans après, partie de cette même bande, les miens.

 

Aux alentours de la rentrée, je découvre Sailor et Lula, par deux fois consécutives, lors d'avant-premières, l'une organisée par Studio au Kinopanorama, l'autre, si je me souviens bien, et logiquement puisque je suis abonné, par Starfix au Max Linder Panorama. Le film a eu la Palme d'or au printemps. Evidemment, je ne vais pas encore à Cannes, je fantasme le festival au gré des retransmissions dans Nulle part ailleurs, des reportages dans les journaux télévisés. A cette époque et pour un an ou deux encore, j'en fais même des VHS : "Cannes 1990", "Cannes 1991"... Bref, en septembre 1990, il y a Sailor et Lula au cinéma, choc absolu dont l'immense affiche trônera bientôt dans ma chambre d'adolescent, mais aussi, au premier semestre, alors que je n'étais qu'en seconde, dans un autre lycée d'ailleurs, Outrages de de Palma, Chasseur blanc, cœur noir d'Eastwood ou Né un 4 juillet de Stone. Des marqueurs essentiels, plus ou moins bons films malgré tout indissociables de cette paire d'années, de ma scolarité d'alors et des amitiés qui s'ensuivirent.

 

C'est dire comme un an plus tard, en avril 1991, j'étais mûr pour la suite, l'épiphanie.

 

Twin Peaks donc.

 

Aujourd'hui, comment comprendre ce que découvrir cette série en direct – deux épisodes par semaines d'abord, un seul ensuite – représenta ? Il fallait capter La 5, ce qui longtemps fut un problème pour de nombreux Français au nombre desquels, par chance, je ne comptais pas. Il fallait suivre un rythme de diffusion précis, être fidèle au rendez-vous. Ou penser à programmer son magnétoscope, le genre de réflexes naturels alors dont nous avons évidemment, à l'ère du "binge watching", du téléchargement et de l'opulence de l'offre et d'Internet, perdu l'habitude.

 

Je crois bien avoir vu Qui a tué Laura Palmer, la VHS du pilote agrémenté d'une fin inédite pour l'exploitation européenne, avant que débute la série à la télévision. Starfix en avait parlé plusieurs mois avant, quand sortait Sailor et Lula et que la série de Mark Frost et David Lynch n'était encore qu'un phénomène strictement américain. J'avais dû voir quelques films de Lynch, Elephant Man à coup sûr, Eraserhead probablement. En revanche, je ne connaissais pas encore Blue Velvet : quand il triompha à Avoriaz en 1987, moi, je n'avais d'yeux que pour son rival, La mouche de Cronenberg...

 

Mais quand débuta Twin Peaks, avec Jérôme, en classe, je crois qu'on ne parlait que de ça, ou presque. Ça nous rendait fou, ça nous avait retourné la tête, on n'avait jamais vu ça. On se refaisait les dialogues, on parlait à Diane, comme le faisait Dale Cooper. Pourtant, on ne buvait pas encore de café. Tous ce qu'on écrirait ensuite, les quatre, cinq années qui suivirent, quand on se rêvait cinéastes, caméscope en main, ça avait été fécondé par Twin Peaks c'est sûr.. et sans doute un peu, quand même aussi, par Le prisonnier et, pour mon acolyte plus particulièrement, par Chapeau melon et bottes de cuir. Ça nous dépassait, c'était fou et c'était fantastique. David Lynch devint mon héros. Instantanément. En septembre 1990 d'abord (Sailor et Lula). En avril 1991 définitivement.

 

Je ne crois pas que nous ayons été alors si nombreux, dans mon entourage, à regarder et commenter Twin Peaks. Je n'ai de souvenir de discussions autour de ces premières diffusions qu'avec deux, trois personnes. Ce qui est sûr, c'est que nombreux furent ceux qui décrochèrent. A la fois parce qu'intervint à un moment la révélation de l'assassin (comme si c'était l'essentiel...) mais surtout parce que subitement La 5 décida de déplacer l'horaire de diffusion des épisodes de 20h30 à 22h30. Et qui plus est de n'en passer plus qu'un par semaine (au lieu de deux initialement). Là-dessus arrivèrent les grandes vacances et je sus ensuite que beaucoup de gens qui avaient suivi le début lâchèrent alors la série. Pas moi, non. Je partais en vacances, oui, mais mon magnétoscope et peut-être le concours d'un ami, de mes parents ou de ma sœur (je ne sais plus) me sauvèrent la mise. Je n'en perdis pas une miette. Je pus tout rattraper à mon retour. Je sais que nous n'étions pas si nombreux. Ce qui peut paraître surprenant aujourd'hui où tout le monde – ou presque – parmi les cinéphiles semble avoir vu Twin Peaks. Mais c'est aussi pour cela peut-être qu'à cette époque, en 1991, cela me/nous marqua tant. Parce que nous n'étions finalement pas si nombreux à être allé au bout du voyage et qu'à dix-huit ans, eh bien ça compte...

 

Quelques années plus tard, je revois tout. En VF encore une fois. Les cassettes sont sorties. Je me les offre petit à petit. Il a dû y en avoir une dizaine. Où sont-elles aujourd'hui, je ne sais pas, données probablement quand j'ai acheté la première édition DVD et ai revu la série une nouvelle fois, le plaisir toujours là, si vif, mais déjà empreint de la nostalgie qui me fait probablement écrire ces lignes. Mais alors, tout de même, c'est important, on les prête ces trois coffrets. Comme ils ont circulé autour de moi ! Nombreux sont ceux qui ont découvert Twin Peaks « la série culte » alors, en 2007. Ou ceux qui, enfin, en ont vu la fin...

 

Entre-temps, revenons en arrière, il y a eu Twin Peaks, Fire Walk with Me (Cannes 1993). Et ce film extraordinaire a conforté, pour moi, ce qui me plaisait dans la série. Certes, c'était différent. Certes, beaucoup de "fans" furent déçus. Certes, l'esprit de sérieux l'avait définitivement emporté, mais on sentait Lynch complètement libre (sans doute l'avait-il été dès Eraserhead, mais on n'en était pas spectateur à la fin des années 70 et on ne saurait en juger). Le cinéaste entrouvrait là la porte sur ce que deviendrait son cinéma, cette béance de l'espace/temps, cette anomalie qui ouvrirait presque consécutivement sur les méandres fascinants de Lost Highway, Mulholland Drive et Inland Empire. Surtout, il reprenait la main sur une série dont il confessa s'être au fil du temps désintéressé et il apportait autant de réponses qu'il posait de nouvelles questions... Et ça nous allait très bien comme ça, comme si cela, le mystère et l'intérêt ravivés, suffisait à conjurer la fin maladroite, précipitée et pas complètement satisfaisante de la série.

 

Mais voilà que dans quelques jours, arrive la suite de Twin Peaks (la saison 3, dit-on, comme si la numérotation avait ici, 26 ans après, un quelconque sens). Dans les quelques images diffusées, tout semble pareil, comme si le quart de siècle écoulé n'avait eu de prise (si ce n'est le vieillissement physique, visible) sur les personnages et les décors. Paradoxe temporel inhérent à la seconde partie de carrière de Lynch dont nous, spectateurs, réchapperont forcément. Car nous ne vivons pas dans un film de David Lynch et ne pourrons, en conséquence, probablement qu'être déçus. Pourtant. Pourtant, l'attente est énorme, car, pour toutes ces raisons évoquées plus haut, Twin Peaks, vécu et visité à l'orée des années 90, fut unique, constitutif, intime et historique. Et, accessoirement, David Lynch n'ayant pas tourné depuis dix ans, dix-huit heures signées de lui – quand bien même ne ferait-il plus de film ensuite, comme il l'a annoncé – cela ne se refuse pas...

 

A suivre, comme on disait dans les feuilletons...

 

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20 janvier 2017 5 20 /01 /janvier /2017 15:53

 

On le sait, John McTiernan, réalisateur adulé de Predator et de Die Hard – les deux films qui inventèrent et enterrèrent dans le même mouvement le film d’action hollywoodien des années 1980 – n’avait plus tourné depuis 2003, prisonnier de rapports de force en sa défaveur avec les studios puis, surtout, d’une sombre histoire d’écoutes téléphoniques qui lui valut de passer une année en prison pour avoir menti au FBI.

Depuis sa libération en 2014 et l’annonce de son retour à la réalisation, on n’y croyait guère, guettant pourtant ses interventions perchées, ses déclarations définitives sur l’état du cinéma hollywoodien, au gré d’invitations à la Cinémathèque Française, en festivals ou de propos relayés par ses fervents supporters. Pour donner une idée de notre perplexité, la perspective de voir sortir un jour un nouveau long métrage signé McT rivalisait avec la promesse d’un nouvel album studio de Michel Polnareff, c’est dire. Un truc de génie décati qui à la fois ferait envie mais qu’on appréhenderait surtout très fort tant on redoutait que le cinéaste ne soit plus, artistiquement, techniquement, que l’ombre de lui-même.

Pourtant, voilà bel et bien un nouveau film signé John McTiernan. Et peut-être se trompait-on. Ce film, calmons-nous, n’en est pas vraiment un. C’est une bande-annonce pour un jeu vidéo sortant en mars et dont, avouons-le, on se contrefiche. Une publicité donc – n’ayons pas peur des gros mots – qui serait aussi un film à chute photographié par Jeff Cronenweth, chef-opérateur régulier de David Fincher depuis Fight Club. 1’30 d’un exercice de style qui prouverait que le cinéaste a toujours son œil, ce sens de l’espace et du découpage imparables, et que son ironie glaciale est plus que jamais affutée. Si le film convoque les atmosphères viriles et guerrières de sa filmographie passée, on s’amusera du raccord fait par le cinéaste avec un pan de pop-culture qui a continué, de vidéos de chatons en cinématiques de jeux-vidéo, à se faire sans lui. En opérant cette improbable jonction en un geste malin et fulgurant, McT intrigue. Et ce petit film – anecdotique pour nous mais sans doute essentiel pour lui – de presque commencer à nous consoler de sa trop longue absence. À suivre donc.

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18 novembre 2016 5 18 /11 /novembre /2016 19:25

Quelques souvenirs épars du concert de The Cure à l'Accor Hotel Arena mardi 15 novembre...

 

La basse de Simon Gallup (dont le nom aux sonorités élastiques le définit si bien) qui, sur un Primary nerveux, fait vraiment trembler l’Accor Hotel Arena...

Friday I’m in Love est une putain de bonne pop song...

Les tubes dont on se fout un peu à la base (The Lovecats, Close to Me) procurent un plaisir indéfinissable en concert, presque trente ans après...

Des fois, The Cure, c’est un peu chiant...

Robert Smith est seul à chanter. Vraiment. C’est rare. Et deux heures quarante cinq durant, il assure...

Oh ! Comme elle fut bien foirée l’entame de In Between Days !

Oh ! Comme elle fut surchargée et empesée cette version de A Forest !

La coda de A Forest et les claquements de mains de presque tout Bercy sur les deux notes de basse de Gallup. J’aime ? Je déteste ? Je ne sais pas.

La captation du concert sur les deux écrans géants latéraux. Un plan fixe d’ensemble, en fish-eye (une sorte de « symptôme Go Pro » ?), déformant les perspectives et les positions des musiciens sur scène (Ah bon, Robert Smith tourne le dos à Reeves Gabrels ?). C’est moche. Très moche. Il n’y a donc personne d’influent pour le signaler ?

Pornography, Faith et Seventeen Seconds réduits à la portion congrue ? Bah ! Tu n’avais qu’à aller les voir en concert avant 2016 !

Putain ! Ils ont joué Three Imaginary Boys deux jours après à Lyon !

Quand Robert Smith épaule son électro-acoustique, ça sent le tube et les années 80... Et, n’en déplaise aux puristes et aux vrais fans, moi, j’aime bien...

Les tubesques Push, Lullaby et Just Like Heaven ne s’érodent pas.  Boys Don’t Cry, si.

Conclusion ? J’ai 43 ans, mes années Top 50 me manquent...

 

 

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 17:33

Ainsi, on l’a appris ce matin, Sting jouera le 12 novembre, veille de la date-anniversaire que l’on sait, au Bataclan. Sting, c’est bien, c’est un symbole fort, un artiste « populaire », une star, l’ancien leader de... Police (ce qui, ironiquement, devrait rassurer).

Imaginez, ça aurait pu être bien pire : Eagles of Death Metal ou Pete Doherty par exemple (oh ! pardon, on me souffle que Pete D. jouera justement au Bataclan quelques jours plus tard, le 16...).

Mais je ne comprends pas. Depuis des mois que l’on annonce cette réouverture je ne comprends pas. Ou si. Je comprends trop bien. Malheureusement...

Je ne m’explique pas que la décence n’interdise pas cette réouverture à la date anniversaire – à un jour près, ne chipotons pas ! – des attentats du 13 novembre 2015. Je ne comprends pas que cela se fasse à ce moment-là, quand l’espace médiatique sera saturé du souvenir de cette soirée funeste, des témoignages des uns, des autres, des commémorations, des numéros spéciaux et des émissions spéciales.

Mais j’apprends aujourd’hui que le groupe Lagardère – qui vient de tenir une conférence de presse (était-ce bien nécessaire ?) – détient 70% des parts de la salle et je crois alors trop bien comprendre... Le sang aura séché, la vie doit continuer, show must go on ? On a donc rénové, on a refait la salle, sa façade. On commémore dignement, on reverse les recettes à deux associations de victimes (beau geste de Sting). Et après, quoi ?

Qu’on le veuille ou non, le Bataclan ne sera plus jamais une salle de spectacle comme une autre. Ni pour moi évidemment (qui n’y retournerai sans doute jamais), ni pour quiconque vivait à Paris, en France, en 2015. Il ne s’agit pas de souhaiter la fermeture de la salle, sa muséification, il ne s’agit pas de baisser les bras, d’abdiquer, non, bien sûr ! Il fallait rouvrir, continuer, laisser à nouveau siffler les larsens, mais peut-être fallait-il tout changer justement, comme cela a semble-t-il été fait à l’Elysée Montmartre, une autre salle sinistrée et depuis peu rouverte. Mais surtout le faire à un autre moment que celui-ci, en prenant le temps, sans se laisser prendre au piège du calendrier et de la communication.

D’aucuns voient un symbole, un vibrant hommage aux victimes dans la réouverture du Bataclan un an après les faits, c’est leur droit. D’autres, comme moi, y voient un calcul cynique, ou pour être gentil une consternante maladresse. Ça changeait quoi d’ouvrir en décembre 2016, en janvier, en février 2017 ? Ça changeait quoi au fond ?

 

 

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8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 15:03

À propos de Miss Peregrine et les enfants particuliers, de Tim Burton

 

À défaut d’être un grand film (il n’en a pas signé depuis vingt ans, n’en signera sans doute plus), le nouveau Tim Burton est, une fois n’est pas coutume, un objet passionnant, paradoxal, entièrement tiraillé entre un imaginaire sclérosé (ce fameux « univers » recyclé en vase clos depuis deux décennies et qu’on n’en peut plus de voir pourrir lentement d’un film foireux à l’autre) et la tentative du cinéaste – encore plus consciente qu’elle l’était dans Big Fish – d’y échapper.

Très concrètement, tout ce qui renvoie trop clairement à cet univers extrêment marqué est, dans ce nouveau film, symbolisé en terme d'espace par un lieu coupé du monde et en matière de temporalité par une journée se répétant en boucle de manière ultra-prévisible : soit, ce qu'est devenu l'imaginaire burtonien depuis que le réalisateur se contente de le visiter en touriste avisé (depuis Sleepy Hollow, donc). De manière significative, ces incursions chez Miss Peregrine, c'est aussi ce qu'il y a de plus faible dans le film. Bref, comment en sortir ? C'est ce que le spectateur jadis fan de Burton se demande depuis quinze ans, après un faux espoir de décadrage qui se révéla faux-pas (La planète des singes).

Contrairement à ce que pouvait laisser penser une bande-annonce assez repoussante, cette fois est peut-être la bonne. Noyé sous les chromos et les grimaces, Big Eyes, avant-dernier film de sinistre mémoire, n’était sous ses airs de biopic, de sous-Ed Wood (mêmes scénaristes !)  que le pénible leurre d’une envie d’aller voir ailleurs. C’est véritablement ici, en adaptant un livre récent probablement inspiré en partie par son travail, que Burton étonne enfin. Dans son long prologue « réaliste » d’abord. Et, surtout, dans un élan final destructeur rappelant le freakshow déchainé à la fin de Frankenweenie, son dernier rejeton estimable.

À ce moment-là de Miss Peregrine et les enfants particuleirs, il reste une demi-heure environ. On se dit que la consécration muséographique a fait du bien à Burton, qu’elle lui a peut-être permis de laisser derrière lui ses oripeaux de dessinateur compulsif de monstres en tout genres, ceux-là même  ceux de son livre La triste fin du petit enfant huître  auxquels il semble rendre une dernière visite ici. Alors, tandis qu’une affreuse dance-music de fête foraine remplace les traditionnelles partitions orchestrales de Danny Elfman, tandis qu'un Samuel L. Jackson encore moins sobre que de coutume prend le relais du Nicholson de Batman, tous les protagonistes de Miss Peregrine et les enfants particuliers semblent extirpés de leurs abris, de la pénombre du conte, du décorum gothique (c'est littéralement le cas dans le récit). Et le cinéaste (que l’on croit d'ailleurs apercevoir dans un plan fugace) de sa zone de confort.

Ainsi, aimerait-on croire désormais, c’est bel et bien lorsqu’il réussira à sortir de l’imagerie – ou plutôt quand celle-ci, toujours là, saura déferler dans le réel (comme les Martiens de Mars Attacks ! envahissant la Terre il y a vingt ans) – que ce cinéaste jadis majeur réussira à nous intéresser encore un peu.

À défaut d’un grand film, une bonne nouvelle.

Tim Burton, celui qui se souvient de ses vies antérieures
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14 septembre 2016 3 14 /09 /septembre /2016 21:32

A propos de City Lights, un clip de Michel Gondry pour The White Stripes

 

Quand on regarde le nouveau clip de Michel Gondry réalisé pour les White Stripes (ou plutôt, pour être juste, pour l’album rétrospectif et acoustique de Jack White, sorti la semaine dernière), on est subjugué par sa beauté. Mais on se demande aussi si tout cela n’est pas trop beau pour être vrai. On se demande, comme le spectateur face à un magicien faisant son tour, « s’il y a un truc ». L’époque sans doute veut cela : on se méfie des images, on se demande ce qui se cache derrière elles, on sait bien que tout se truque, on ne veut pas se faire avoir et on a un peu trop oublié comme cela était bon parfois, la candeur.

Dans le champ du clip, plus qu'ailleurs peut-être, la méfiance s'est imposée dès lors que la performance est devenue un argument commercial, le motif de propagations virales inouïes pour des groupes n'en méritant pas tant. Sur Internet, espace de diffusion privilégié du clip, il faut marquer, impressionner, se distinguer. Pensons aux clips délirants (et devenues pénibles à force de surenchère) du groupe OK Go, songeons aux nombreuses vidéos réalisées, dit-on, en un seul plan-séquence (qu'il soit truqué ou non – et Gondry, justement, pour Massive Attack ou pour Kylie Minogue, en fut précurseur). Autant de clips que l’on regarde surtout en se demandant comment c’est fait. À tel point que, peut-être, nous ne saurions plus nous laisser émouvoir par la beauté se dégageant d’images toutes simples sans les questionner, sans les mettre en doute. À tel point qu'on en oublierait comme un clip réussi est avant tout la combinaison idéale des images avec une musique précise. Ce que Gondry a toujours compris, et mieux qu'avec d'autres avec les White Stripes (revoir, pour s'en convaincre Fell in Love With a Girl ou The Hardest Button to Button, les deux meilleurs parmi les quelques clips qu'il avait déjà réalisés pour eux).

Alors, revenons-y, City Lights est-il truqué ? On s’en fiche, là n’est pas le sujet. City Lights est d’abord le plus beau clip (le plus beau film ?) que l’on ait vu depuis des lustres, une chose si pure, si évidente, si émouvante, qu’elle renvoie tout ce qu’a pu faire Gondry depuis quinze ans – quand il filme la musique du moins – à des bégaiements ou à des redites. On veut y croire, croire aussi au « storytelling » accompagnant la mise en ligne de City Lights (Gondry l’aurait réalisé en secret, tout seul, pour l’offrir au groupe), on veut suivre cette histoire dessinée à la main sur la porte d’une douche, embrasser cette proposition poétique, à mi-chemin entre enfance et mélancolie, avec candeur et confiance. Et se laisser porter, s’abandonner. Comme c’était le cas quand Gondry, du haut d’un immeuble, filmait la foule de Mad World pour Gary Jules. City Lights émeut précisément car sa simplicité apparente en fait un objet familier, presque intime et faussement banal (qui n'a jamais tracé des dessins sur une vitre embuée ?), loin, très loin des prouesses physiques ou techniques de ces clips-performances évoqués plus haut.

Michel Gondry, aujourd’hui, n’est pas un mauvais cinéaste, loin de là. Mais Gondry, un temps, fut un génie. Le retrouver juste là où il se situait il y a quinze ou vingt ans – quand presque chaque nouveau clip de sa main jaillissait d'un concept lumineux, original et incroyablement stimulant – n’est pas la moindre des surprises. C’est tout aussi surprenant, oui, que l’exhumation par Jack White d’un titre inédit des White Stripes, duo séparé depuis 2011, rappelons-le. Que Gondry, bel et bien à l'image et « à nu » derrière l'écran de vapeur, ait filmé pour accompagner les fragiles arpèges de City Lights rien de moins que le passage du temps, la buée s’évaporant ou l’éphémère du recommencement est sans doute la raison pour laquelle ces quelques plans nous touchent tant.

 

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13 juillet 2016 3 13 /07 /juillet /2016 21:30
Bruce Springsteen & the E Street Band, Accor Hotel Arena, 11/07/2016

C’est à croire qu’il se passera presque toujours quelque chose d’exceptionnel à un concert de Bruce Springsteen avec le E Street Band, un truc singulier qui fera qu’on s’en souviendra très précisément à chaque fois. En 2003, au Stade de France, c’était les trombes d’eau se déversant sur nous durant un Dancing in the Dark libérateur. En 2008, au Parc des Princes, le sentiment que c’était le dernier concert du Boss qu’on voyait ensemble pour un long moment avec cet ami cher avec qui j’en avais partagé tant d’autres. Il y a quatre ans, c’était (au même endroit que lundi, encore appelé alors POPB) Bruce m'accompagnant à distance dans la première nuit suivant la naissance de mon fils Lou. Et puis, il y a deux jours, ce fut donc cette fameuse coupure de courant qui plongea l’Accor Hotel Arena, vers 23 heures, dans une scène pour le moins étrange.

Faut-il écrire ici que l’exceptionnel et l’inattendu ne sont plus forcément ce que j’attends ces temps-ci d’un concert ? J’ai eu mon compte le 13 novembre et voir les lumières se rallumer, un morceau s’interrompre brusquement – pour mon deuxième concert seulement depuis cette funeste soirée – inutile de vous dire comme cela aurait pu gâcher la fête. Heureusement, très vite, on regarde autour de soi, on se rend compte que le personnel de sécurité, nombreux, ne tique pas, que la barrière barrant l’issue de secours à côté de laquelle on se trouve n’est pas déplacée, qu’en fait... il ne se passe rien. Et puis surtout il y a cette scène hallucinante (de là où je suis, je ne vois pas tout ce qui se passe), qui semble interminable, où Max Weinberg continue d’assurer imperturbablement le tempo pendant au moins trois minutes, dans l’attente sans doute que l’amplification revienne d’elle-même. Puis Max et les autres musiciens finissent quand même par s’arrêter de jouer dans le vide. Plus de son. Plus d’écrans géants. La salle éclairée comme si c’était fini. Moi, je me demande encore un peu ce qui se passe, d’autres hurlent « Bruuuuce ! » comme d’habitude ou se mettent à entonner à pleins poumons le pont de Badlands, signal habituel d’un rappel qui battait pourtant déjà son plein depuis deux morceaux. Sous la clameur, un son d’alarme qu’on distingue mal, un message d’alerte sans doute automatique qu’on ne comprend pas. Mais ça va. Il suffit de réfléchir. C’est les plombs qui ont sauté. C’est un incident technique. C’est tout. Le concert reprendra – ouf ! – pour une grosse demie heure, lumières allumées, son encore plus brouillon, mais ferveur du public intacte, voire décuplée. Pendant l’interruption d’une quinzaine de minutes, le E Street Band n’aura pas quitté la scène, Springsteen aura signé des autographes, serré des mains, sans doute plus tranquille que moi. Egal à lui-même en tout cas.

Ça avait cafouillé juste avant pourtant. Le rappel commençait fort, avec Jungleland, sommet de storytelling springsteenien, mais le groupe avait ensuite bizarrement foiré Born to Run, hymne retombant pour la première fois un peu à plat. Et c’est peut-être, me dis-je, parce que je commençais à m’ennuyer pendant Ramrod, troisième titre du rappel, qu’à ce moment précis le courant a sauté... Le concert fut grandiose, indéniablement (même si Bruce fut bien moins loquace qu’à l’accoutumée), mais on se savait dès le départ moins sensible au versant rockab’ assumé d’une grosse partie de The River, le double album mythique – mais inégal – célébré durant cette tournée. Ces morceaux entrainants (Cadillac Ranch, I’m a Rocker, Sherry Darling...) convoquant le souvenir d’un rock sixties efficace et aussi lourdaud dans sa forme que léger dans son propos, on les doit, on le sait, à l’influence, à l’époque de l’enregistrement, du guitariste Steve Van Zandt (qui s’éloignera du E Street Band dès l’album suivant), au désir de retrouver un peu de légèreté après la noirceur et le pessimisme d’un Darkness on the Edge of Town si difficilement accouché. De manière significative, d’ailleurs, ne fut joué de ce disque-ci que Badlands, sa chanson la plus fédératrice, la plus populaire avec les années.

Si l’on rechigne à partager l’enthousiasme de tant d’autres sur la longue foire gospel/soul du Shout des Isley Brothers fréquemment repris au rappel par la troupe sur cette tournée, on mesure rétrospectivement la chance qui fut la notre quand on se repenche sur la setlist et quand on se rend compte avoir eu droit le même soir à des morceaux aussi précieux que The River, Nebraska ou Incident on 57th Street, ce dernier joué seul au piano en ouverture du concert et auquel répondra pour le deuxième et ultime rappel, près de quatre heures après, un Thunder Road en solo lui aussi, simplement accompagné à la guitare acoustique.

On se sera dit aussi, comme à chaque fois, que le E Street Band vieillit bien mais on aura été frappé – on ne s’était pas vus depuis trois ans ! – par les silhouettes épaissies (Steve Van Zandt, Patti Scialfa), asséchées (Max Weinberg), les rides creusées, le vieillissement assumé et porté beau étant, semble-t-il, le dernier de leurs soucis. Sans Danny Federici, sans Clarence Clemons (plus que bien remplacé par son neveu Jake depuis une poignée d’années), le E Street Band demeure mais on se demande à chaque fois si ce n’est pas la dernière fois qu’on le voie dans cette configuration. Parce que, avouons-le, on a envie d’autre chose (une nouvelle tournée solo, un retour à l’introspection, un concert à quatre ou cinq seulement, en garde rapprochée) tout en sachant que c’est avec ses vieux complices – et en nombre – que Bruce s’accomplit le mieux sur scène. C’est peut-être pour cela, par esprit de contradiction, que le morceau qui m’aura le plus bouleversé ce soir-là aura été l’inattendu Tougher Than the Rest, perle issue de l’album de rupture d’avec le E Street Band (Tunnel of Love, chef-d’œuvre ô combien sous-estimé) et chanson que je n’avais jamais entendue jouée en public. D’autres, à l’inverse souvent entendues, conservent leur puissance intacte. Et l’émotion sera aussi venue, contre toute attente, de ces morceaux-là, de ces scies, comme on dit : d’un Hungry Heart sismique à Because the Night en passant par The Rising, chanson de la résilience post-11/09 provoquant ce coup-ci en moi un écho tout particulier.

Ce soir, mercredi 13 juillet, tandis que j’écris ces lignes, le E Street Band joue pour le deuxième soir à Paris. Je regrette déjà de ne pas y retourner.

 

 

A voir, le moment de la coupure : https://www.youtube.com/watch?v=oWi_ylZk8gQ

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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 18:37

Je sais, on ne se parlait plus trop ces derniers temps.

Mais hier soir, il faut que je vous dise, je suis retourné à un concert.

Un concert sans interruption, sans balles qui claquent et sans odeur de poudre. Et si mes oreilles ont sifflé encore un peu ensuite, c’est juste parce que voulant toujours tout entendre très distinctement (hyper-vigilance, quand tu nous tiens...), je ne les avais pas, cette fois, comme à l’accoutumée, protégées.

Pour vous, ultimes lecteurs d’un blog déliquescent, qui je vis hier importe peu. Pour moi, c’était essentiel. Il fallait un nom, une affiche, susceptible de me redonner et l’envie et le courage. Si Bruce Springsteen s’annonce dans un mois à Bercy, si très tôt après ce soir funeste de novembre je pris quand même des places pour The Cure cet automne, retourner hier au concert, eh bien c’était une première fois. Rien n’est réglé, loin de là, quelque chose est définitivement brisé, mais le plus surprenant est d’avoir réussi à vivre pleinement ce moment au présent. Pas au passé (hanté par un souvenir douloureux), pas au conditionnel (submergé par mes craintes), non, au présent.

Depuis six mois, les concerts ne me manquaient vraiment pas. Comme la musique au casque, dans les transports en commun ou dans la rue, je m’en passais très bien. D’ailleurs, une salle comme l’Olympia, sa fosse, c’était bien le dernier endroit au monde (ou presque) où j’avais envie de me retrouver. Mais la perspective, il y a un peu plus d’une semaine, de peut-être y voir un groupe qui se séparait quand j’entrais dans l’adolescence, un groupe mythique (écrivons-le) même recomposé aux trois quarts seulement, cela eu raison de mes peurs. Enfin, pour un temps seulement car la semaine qui suivit l’acquisition du précieux sésame fut un redoutable grand huit d’émotions paradoxales.

Mais on y est allé donc. Avec Bernard, avec Hélène surtout, laissant les enfants à la maison. Puis le concert a enfin commencé. Et face à ce groupe souvent moqué mais dont les morceaux ponctuent, avec ceux de quelques autres, la bande-son de ma vie, face à ce groupe dont l’ultime album est peut-être le premier disque de rock que j’ai vraiment désiré et possédé, quelque chose s’est envolé. Pour un temps. Et j’ai crié (Crache ton venin), et j’ai chanté (Un autre monde), et j’ai dansé (Le vaudou). Crié, chanté, dansé, comme un con, même – et surtout ? – sur La bombe humaine dédiée... aux « frères de Charlie et du Bataclan ». Cela aurait pu me heurter, m’irriter, cela aurait pu me bouleverser. Ça m’a juste fait plaisir. Simplement. Si tu avais su, Jean-Louis, hier, là, à ta droite près de la scène, pas loin de l’issue de secours évidemment...

Y retourner...
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